Mais pas encore de "pluies " de fourmis...

En lisant mes romans les plus récents, vous avez peut-être eu plaisir à découvrir quelques espèces animales peu connues hors de l’Australie.

L’île-continent a en effet la réputation d’abriter de nombreuses espèces endémiques, hélas aussi parmi les plus dangereuses au monde. À titre d’exemple, un jeune Aborigène est victime d’un serpent mulga dans Le Chant des Galahs ; un policier échappe de peu à la morsure d’une redback spider (araignée veuve noire) dans Country, où on apprend aussi qu’il vaut mieux ne pas fréquenter de trop près les fourmis bouledogues.

 

           

 

Ces fourmis sont parmi les plus grandes de notre planète et leurs colonies peuvent dépasser le millier d’individus. Réputées pour être extrêmement agressives, leur piqûre, très douloureuse, provoque parfois un choc anaphylactique. Inutile de dire qu’après plusieurs piqûres, les risques de létalité deviennent plus que sérieux. L’agressivité de notre Bouledogue est souvent illustrée par cette étonnante particularité qui veut que, coupée en deux, les deux moitiés de son corps vont se battre l’une contre l’autre, chacune avec leur arme : « morsure contre piqûre », parfois trente minutes d’affilée ! Appartenant à cette famille, la Myrmecia pyriformis est enregistrée comme la plus dangereuse fourmi au monde.

 

Pourtant, une de ses très lointaines cousines, au nom tout aussi impossible, l’Anoplolepis gracilipes, vient la concurrencer dans le domaine de la férocité. Je dis « lointaine », car celle-ci n’est pas originaire d’Australie, mais d’Afrique et d’Asie. Il s’agit hélas d’une espèce invasive, et elle est désormais présente en Australie ainsi que sur plusieurs îles de l’océan Indien. Son nom courant est plus facile à retenir : fourmi jaune (sa couleur). On l’appelle aussi « fourmi folle » car elle est particulièrement agitée :)

Ces bestioles, pourtant plus petites que la Bouledogue, pourraient bien créer davantage de dégâts sur la biodiversité locale. Elles s’installent en effet en colonies géantes et conduisent à l'extinction d’autres insectes, de crabes ou de petits reptiliens comme les lézards, les grenouilles, etc. Au risque d’induire un bouleversement de la chaîne alimentaire, puisque les lézards, par exemple, constituent une part importante de la nourriture des rapaces ou des serpents.

 

Toutefois, et c’est là le point où je voulais en venir, malgré l’effroyable réputation d’une longue liste de « tueurs » australiens (requins, crocodiles, serpents, araignées, poissons, coquillages… et même les émeus (si, si !)) une étude publiée l’an dernier par le très sérieux NCIS (National Coronial Information system, autrement dit : le centre national d’information des médecins légistes) vient bouleverser pas mal d’idées reçues à propos des espèces animales responsables de morts humaines en Australie !

Cette étude porte sur 17 années, de 2001 à 2017. Elle rapporte 541 décès en tout et pour tout, soit… 32/an en moyenne pour tout le continent. Un chiffre bien moins impressionnant que ce que les nouvelles catastrophiques colportées par les medias pouvaient laisser imaginer. Mais le travail de ces légistes révèle surtout un bien étonnant classement dans les bestioles tueuses d’Australie.

 

Les trois premières sont les équidés (chevaux, ânes…), les bovins et les canidés, responsables à elles seules de plus de la moitié des décès humains enregistrés. Chutes de cheval, morsures d’enfants, piétinements et coups de cornes… font donc partie des accidents (mortels) les plus fréquents.

Notons ici qu’il s’agit uniquement d’espèces domestiques, non originaires d’Australie, introduites sur le continent par les colons.

 

La première espèce endémique « tueuse » sur la liste arrive donc à la 4ème place seulement. Et il ne s’agit ni des requins, ni des sauriens, mais… du kangourou !

37 décès en 17 ans, tous dus à des accidents de la route. Eh oui, notre marsupial est bien stupide, à se montrer incapable de retenir les règles les plus élémentaires du code de la route. Face à ces 37 décès humains, ce sont des milliers de marsupiaux (dont le kangourou) et de reptiles qui périssent chaque année du fait de la circulation routière.

 

À égalité avec le kangourou, 37 décès, les serpents. Il faut dire qu’il existe de nombreuses espèces mortelles sur le territoire, et que certaines morsures ont lieu loin de tout centre de secours. Mais cela ne représente tout de même « que » 2,17 morts par an ! Très loin là encore des idées reçues.

 

La liste se poursuit avec :

- 6ème place, 31 décès : les abeilles, par choc anaphylactique sur des personnes sensibles à leur venin.

- 7ème place, 27 décès (moins de 2/an) : les requins, principalement en Australie Occidentale.

- 8ème place, 21 décès (env. 1/an) : les crocodiles, en grande majorité dans les Territoires du Nord, et sur des pêcheurs.

 

D’autres représentants connus de la faune locale apparaissent plus loin, tels les émeus (leurs coups de bec peuvent être fatals) ou les dingos.

Mais… pas d’araignées ! Comme je le précise dans Country (p146), « l’Australie n’a plus eu de décès à leur imputer depuis la mise au point de plusieurs anavenins très efficaces ».

 

Pour ceux qui voudraient approfondir ce sujet (y compris sur les autre décès : suicides, blessures, meurtres…), un accès aux données est possible via le site de l’organisation des légistes australiens :

https://www.ncis.org.au/research-and-publications/ncis-fact-sheets/

 

Quant à la dangerosité des animaux, celle-ci paraît bien relative, dépendant surtout de nos regard et comportement. Voici une anecdote que je rapporte dans mon Carnet de voyage au Pays d’Oz, portraits et autres anecdotes australiens (accessible gratuitement sur ce site).

 

« C’est sur la bien nommée Kangaroo Island, qu’il y a trente ans, nous avons pour la première fois pu observer des kangourous géants (Red kangaroo). Si un kangourou de taille « normale » paraît bien inoffensif, ceux-ci étaient en revanche impressionnants : près de 2 mètres de haut, des bras de la largeur de mes cuisses, de longues et solides griffes et une puissance à revendre. Les rangers de l’île, qui nous avaient indiqué où les observer, avaient recommandé la plus grande prudence : discrétion, rester à plus de 20 m, ne pas leur donner à manger… Nous avons ainsi passé des heures à suivre leurs jeux, leurs relations de groupe, et en avons toujours gardé un souvenir ému. Trente ans plus tard, en 2018, nous sommes revenus sur l’île pour un long séjour. Nous avions l’espoir de retrouver « nos » kangourous géants ou en tout cas leurs descendants. Je me souvenais de la localisation des « spots » d’observation mais, une fois sur place, pas de kangourous ! Après plusieurs soirs de recherches dans le même secteur, toujours aucune trace des géants. Inquiets, nous avons profité d’un ravitaillement à Kingscote (« capitale » de l’île) pour interroger différentes personnes. Là, nous apprenons que les marsupiaux en question ont été exterminés ! En effet, quelques années plus tôt, des touristes s’étaient trop approchés d’eux et avaient été gravement blessés. L’un d’eux a même eu le ventre ouvert d’un coup de griffe. Ces touristes n’avaient respecté aucune règle liée au contact avec la faune sauvage. Mais ce sont les kangourous qui ont été abattus ! Les locaux avec qui nous en avons parlé ont évoqué leur inquiétude sur l’effet qu’aurait sur le commerce local la nouvelle de touristes « mis en danger » à cause de simples marsupiaux. L’ennui, c’est que ce qui attire ces mêmes touristes sur l’île, c’est précisément sa faune exceptionnelle. Si celle-ci est exterminée à cause du « danger » qu’elle représente (face à des comportements imbéciles) qu’adviendra-t-il du tourisme local ? Bien des pays ont trouvé la solution en créant des zoos et des parcs animaliers permettant au visiteur d’évoluer en toute sécurité. Tant pis si les animaux enfermés dans ces zoos et parcs s’enfoncent dans la névrose et la dépression. »

Publié le 18/02/2022
Quand la réalité dépasse… encore… la fiction

Qu’il pleuve en hiver n’a pas de quoi nous surprendre.

Pour autant, lorsqu’après une pluie de poissons qui s’est abattue sur une petite ville du Morbihan (cf. chronique précédente), l’on apprend que c’est à présent une pluie d’oiseaux morts qui a frappé la modeste ville de Cuauhtémoc, au Mexique, on ne peut que s’interroger !

 

Les images, visibles sur le Net, de ces centaines de volatiles (des superbes carouges à tête jaune, pour être précis) tombant brutalement du ciel, tel un nuage de sauterelles, et s’écrasant sur les rues et les trottoirs, laissent perplexes y compris les autorités mexicaines, incapables pour l’instant d’expliquer cet étrange phénomène.

 

Aussi, je pose la question : que nous réservent les fameuses giboulées de mars ?  

Publié le 17/02/2022
Quand la réalité dépasse la fiction

Bon, si vous visitez ce site, c’est sans doute que vous appréciez les textes de fiction inspirés de faits réels. Et il arrive aussi, comme vous le savez, que « la réalité dépasse la fiction ».

 

Par exemple, imaginez un instant que vous habitez une jolie petite ville du Morbihan, entre terre et mer, comme celle de Plœmeur. Vous vous levez, un matin comme les autres, et décidez d’ouvrir la fenêtre en grand pour respirer un bon bol d’air frais. L’air iodé, il n’y a rien de mieux pour se garantir une journée tonique. Depuis l’encadrement de votre fenêtre, vous jetez un rapide coup d’œil à votre jardinet, auquel vous savez ne pas accorder assez de temps pour son entretien, mais qui d’évidence ne vous en tient pas rigueur puisque chaque année, au printemps, il vous offre ses jolis bouquets de fleurs, plus ou moins sauvages. Mais nous sommes le 3 février, et vous ne vous attendez pas à admirer lesdites fleurs. Vous ne vous attendez pas non plus à contempler… un banc de poissons !

Inquiet, vous enfilez vite fait une paire de vieilles sandales, une robe de chambre, et vous précipitez à l’extérieur. Là, l’étrange apparition se confirme : des dizaines de jolis poissons bleus parsèment le sol jusqu’à votre clôture.

 

Tant pis pour la robe de chambre, vous courez jusqu’à la mairie, qui n’est qu’à une centaine de mètres, pour quérir d’autres témoins du phénomène. On vient, on s’exclame, on émet des théories, toutes plus étranges les unes que les autres, sans manquer l’inévitable hypothèse d’un « coup des extra-terrestres ». Mais vous voilà rassuré, au moins en partie : ce n’est pas vous qui avez la berlue. Monsieur le maire, présent au milieu des badauds accourus à votre appel, reste rationnel. Sa fonction l’y oblige. « Il faut un avis scientifique ». Quelques coups de fil plus tard, celui-ci ne tarde pas à tomber : il s’agirait d’une « pluie de poissons » !

 

Vous vous interrogez. Ne serait-ce pas un énorme canular ? Où se trouve la caméra cachée ? Vous savez la Bretagne réputée pour ses poissons, et… pour ses averses. Mais qu’il y pleuve maintenant des poissons !? Il ne faudrait peut-être pas pousser le bouchon trop loin.

Pourtant, dès le lendemain, les érudits de ce monde, spécialisés dans les manifestations météorologiques les plus étranges, apportent toutes les explications propres à vous rassurer, vous et vos concitoyens de Plœmeur.

Selon eux, il s’agit bien de pluies de poissons, un phénomène rarissime, qui se produit cependant un peu partout dans le monde, et parfois jusqu’assez loin dans les terres. Des trombes marines aspirent les poissons en altitude, les transportent sur plusieurs centaines de kilomètres, avant de les relâcher, sous forme de pluies, sur les terres.

Il paraît que c’est ce qui est aussi arrivé au Texas (!) en décembre dernier, et avec des poissons encore plus gros.

 

Quand on pense qu’il y en a encore pour douter de l’existence des… poissons volants ! 

Publié le 15/02/2022
Adieu Demeter !

Une excellente nouvelle pour tous les supporters de L214 et, beaucoup plus largement, pour tous les lanceurs d’alerte, les défenseurs des animaux et de l’environnement : L214 réduit à néant la cellule Demeter !

Rappelez-vous : Demeter, c'est le nom donné à une cellule de la gendarmerie nationale dont l'objectif prioritaire est de renforcer la surveillance et la répression de celles et ceux qui critiquent ou remettent en question le modèle agricole intensif. Elle est issue d’une convention signée entre le ministère de l’Intérieur, la gendarmerie nationale et les deux syndicats agricoles majoritaires (FNSEA et Jeunes Agriculteurs), ouvertement hostiles aux associations de défense des animaux et de l'environnement.

Voici le communiqué adressé hier par L214 :

 

<< Une victoire pour la liberté d'expression ! Le tribunal administratif de Paris a rendu ce mardi sa décision concernant le recours déposé par L214 contre la cellule Demeter : les juges demandent au ministre de l'Intérieur « de faire cesser les activités de la cellule nationale de suivi des atteintes au monde agricole qui visent à la prévention et au suivi “d’actions de nature idéologique” dans un délai de 2 mois », sous astreinte de 10 000 € par jour à expiration du délai. Les juges ont considéré que ses missions, telles que « la prévention [...] des actions de nature idéologique », y compris les « simples actions symboliques », constituent une erreur de droit. Nous nous réjouissons de cette victoire importante pour la liberté d’expression, pour les lanceurs d'alerte et pour la défense des animaux.

Un soulagement et des intimidations en moins ! La cellule Demeter ne vise pas seulement la prévention d'actes illégaux, mais également (surtout ?) la surveillance et la dissuasion de toute critique formulée à l'encontre du modèle agricole intensif. Les cas d'intimidation sont nombreux et font froid dans le dos. Beaucoup de militants sont dissuadés de s'exprimer publiquement : convoqués par la gendarmerie pour avoir donné une interview, interrogés lors d'une réunion associative, appelés à maintes reprises... Un déploiement de moyens démesuré vécu par L214, tout particulièrement visée à cause de ses enquêtes : auditions à répétition, accès aux relevés téléphoniques, bornage de téléphone, pour ne citer que quelques exemples.

Nous vous avions promis que nous ne nous laisserions pas intimider ou traiter comme des criminels. Aujourd’hui, grâce à votre soutien, une partie de cette pression va cesser pour les lanceurs d'alerte et les associations de défense des animaux et de l'environnement !

À bientôt,  L’équipe de L214.  >>

Publié le 04/02/2022
L'année du Tigre d'Eau

Aujourd’hui commence… la nouvelle annéelunaire !  (année 4720)

Au-revoir Buffle de Métal, que nous retrouverons dans soixante ans, et bonjour Tigre d’Eau.

 

Image : cheminsetcultures. Tous droits réservés. © 2021

 

Avec l’espoir que celui-ci nourrira l’humanité de son courage et de sa droiture, tel un véritable Fils du Ciel, afin qu’elle retrouve enfin l’harmonie du Dao. Que ce Nouvel an lunaire, Nongli Xinnian, 农历新年,soit un moment de fête et de bonheur pour tous.

 

Il s’agit ici de fêter l’arrivée du printemps, Chunjie, 春节, à la façon dont l’ont toujours fêté les paysans et dont beaucoup continuent de le faire aujourd’hui.

Jour, ou plutôt nuit de Nouvelle Lune, pour lancer les festivités jusqu’à l’arrivée dans deux semaines de la première Pleine Lune de l’année que célébrera alors la bien belle Fête des Lanternes.

 

BONNE ET HEUREUSE NOUVELLE ANNEE du TIGRE de METAL

新年快

 

À lire et à relire

Le tigre de Baiming    (Prix Nouvelle Revue Pédagogique 2012)  1ère éd Actes Sud 2012

Disp au format électronique et papier sur Amazon.

Publié le 31/01/2022
Enfin des nouvelles de Julian Assange

L’annonce faite ce lundi par la justice britannique est-elle « vraiment » une  bonne nouvelle pour Julian Assange, fondateur de WikiLeaks ? Ou juste un faux espoir de plus pour sa libération.

 

Pour mémoire, le journaliste a aujourd’hui cinquante ans et vient d’en passer deux et demi dans une prison de haute sécurité près de Londres, après en avoir vécu sept enfermé dans l’ambassade d’Équateur qui lui avait alors accordé l’asile.

 

À l’issue de son jugement en première instance, une juge britannique avait refusé l’extradition de Julian Assange vers les États-Unis, qui ne cessent de faire pression sur les autorités internationales afin d’emprisonner sur leur sol celui qu’ils accusent d’espionnage. Une peine de 175 ans de prison l’y attend.

La Haute Cour britannique avait ainsi annulé le jugement en décembre dernier. Mais les magistrats ont tout de même autorisé Assange à faire de nouveau appel devant la Cour Suprême britannique pour valider ou non ce dernier jugement.

 

Face aux lourdes accusations américaines, les défenseurs d’Assange opposent les non moins lourdes accusations de violations des droits humains et de la liberté de la Presse.

 

De nouvelles semaines, de nouveaux mois vont s’écouler dans l’incertitude de la décision finale. Un temps indéfini que Julian Assange passera une fois de plus derrière les barreaux, loin de sa femme et de ses enfants, de ses amis aussi, au risque de concrétiser ses pensées suicidaires, lui que tout le monde a vu amaigri, affaibli physiquement et psychologiquement.

On le serait à moins.

Publié le 25/01/2022
Les feux de l'outback australien

Plusieurs lecteurs du Chant des galahs et, plus récemment de Country, m’ont témoigné avoir clairement ressenti la rudesse de ce « personnage essentiel » qu’est l’outback, dans le récit, et en particulier l’étouffante chaleur qui y règne. J’en suis d’autant plus heureux qu’il s’agit d’une réalité !

J’en veux pour preuve ce nouveau record de température que vient de connaître l’Australie depuis 62 ans, avec 50,7° enregistrés à Onslow, justement en Australie Occidentale. Et pourtant, cette bourgade ne se situe pas au cœur des Goldfields, mais… sur la côte !

 

(Extrait de "Country") : « Mary Potter s’apprête à traverser le jardin de sa maisonnette de Gooseberry Hill, au cœur des Collines. Il est dix heures du matin, et le soleil est déjà haut. Pourtant, la luminosité n’est pas aussi vive qu’elle le devrait, tamisée par de lourds nuages qui se déploient en différents points alentour. Ceux-ci, hélas, n’annoncent pas la pluie que tous attendent, à des centaines de kilomètres à la ronde ; cette année — une de plus — n’a pas été épargnée par la sécheresse.

Les sombres et inquiétantes volutes sont au contraire faites de cendres et de fumée. Elles signalent les divers secteurs qui, en ce moment même, se voient la proie des flammes. Le manque d’eau, l’augmentation constante des températures, le mauvais entretien des sols et des forêts… livrent la quasi-totalité du continent aux redoutables attaques des incendies, année après année, et dans des proportions de plus en plus dramatiques. L’Australie semble dévorée par une fièvre mortelle qui détruit chaque fois davantage sa faune et sa flore exceptionnelles, et abandonne les hommes à leur désarroi. »

 

Selon plusieurs spécialistes australiens du climat, les températures d’été, dans des villes comme Melbourne (W.A.) ou Sydney (N.S.W.) flirteront régulièrement avec les 50° d’ici 2030. Dans 8 ans.  

Publié le 14/01/2022
Je vous félicite d'avoir tiré à balles réelles...

À quoi pense Xi Jinping lorsqu’il adresse un message de félicitations à Tokaïev, son homologue du Kazakhstan, pour avoir ordonné de tirer à balles réelles sur des manifestants, hommes, femmes et enfants non armés et dont les revendications sont plus que légitimes ?

Le président chinois rêve-t-il d’un nouveau septembre rouge et noir sur Tiananmen ? Espère-t-il créer une « Amicale des dictatures et autres régimes autoritaires » à travers le monde ? Croit-il réellement redorer l’image diplomatique de son pays en agissant ainsi ?

 

Je pense avec tristesse au Kazakhstan (que je ne connais pas) mais aussi à la Chine, aux amis qui y vivent, à tous ceux là-bas que je tiens en estime. Et d’un coup je comprends pourquoi je n’y suis plus retourné depuis 2015. Cette année-là, après un séjour bien plus court qu’à mon habitude, j’ai ressenti, sans que cela s’inscrive tout de suite dans ma conscience, que je n’étais plus « en harmonie » avec la culture chinoise telle qu’elle s’exprime aujourd’hui. Je n’ai plus supporté Pékin étouffée par les embouteillages et la pollution ; Shanghai noyée dans la superficialité et le bling-bling ; une jeunesse en rupture avec ses valeurs ancestrales, perdue entre pression extrême et insouciance dans sa quête d’argent et d’or ; la volonté (pas vraiment nouvelle) du gouvernement central de balayer d’un revers de main les spécificités culturelles régionales et transformer les différentes Chines en une seule (programme impérial s’il en est), uniformisée et lisse et, dès lors, tellement plus facile à diriger. À vouloir se faire trop « rassurante », cette Chine-là m'inquiète et ne m'intéresse plus beaucoup !

 

Il est clair qu’une pandémie frappe le monde, plus insidieuse encore que ne l’est celle de la Covid : celle de la « dérive sécuritaire ».

 

La chine est effroyablement impactée, mais ne nous y trompons pas : aucun pays n’y échappe. Partout, on nous vend la sécurité à prix d’or, en poudre, en sirop, en pilules et surtout en suppositoires.

Plus l’humanité va (je n’ose dire « grandit »), plus elle a peur. L’Amérique du Nord en est un exemple flagrant depuis longtemps, ce pays hyper armé, hyper alarmé et, surtout, hyper violent est composé d’une majorité d’individus qui ont constamment la crainte de leur ombre.

Ceci explique en grande partie le succès des GAFAM, dont toute l’activité et le succès reposent sur leur talent à entretenir nos appréhensions, à nous mettre face à elles en nous abreuvant de promesses : nous aider à ne plus être isolés, à être mieux informés, mieux protégés, mieux être reconnus et acceptés…

La réalité produite est plus triste et vient encore gonfler nos peurs : terrorisme, pédocriminalité, harcèlement en ligne… En échange d’une promesse d’hyperconnectivité entre individus, ces grandes sociétés n’hésitent pas à mettre à mal ce qui fait l’essence même de notre personnalité,  notre individualité.

Jamais les frontières n’ont été aussi confuses entre vie privée et égoïsme, entre vie publique et exhibitionnisme ou ingérence. Ce nouveau monde développe tellement nos angoisses qu’il n’est plus possible de saluer un étranger sans craindre une réaction agressive, et encore moins l’accueillir sous son toit. Il n’est pas question de sourire à une femme ou de caresser les cheveux d’un enfant ; interdits les promenades ou les joggings dans les bois ; refusés le coupe-ongles à l’aéroport et la bouteille d’eau minérale ; impensables l’auto-stop, le camping sauvage ; dangereux l’employé du gaz ou de la Poste qui vient frapper à votre porte ; inconnus ou disparus le facteur, le banquier, le médecin de campagne ; inutiles les pétitions et les manifestations, d’ailleurs les syndicats sont tous agonisants ; il n’est pas politiquement correct de parler « collectif ».

L’autre n’est plus une source de questionnement, de curiosité, d’enrichissement. Il n’est plus qu’une source de danger potentiel.

 

Il ne s’agit pas de nier que l’insécurité existe. Elle est bien réelle, mais a pris la place disproportionnée que nos esprits inquiets ont bien voulu lui donner. Elle est surtout très bien exploitée à des fins commerciales et politiques. Impensable d’acheter une voiture sans l’alarme qui va avec ; l’ordinateur sans son armée d’antivirus ; l’appartement sans sa porte blindée ; le magasin sans ses vigiles ; la rue sans ses caméras de surveillance ; la route sans ses radars ; la planète entière sans ses satellites.

Se pourrait-il que la sécurité devienne plus lourde que l’insécurité ?

 

Les Gafam et le gouvernement chinois se ressemblent beaucoup.

Ils se servent « d’assistants personnels » et de fusils, de mitraillettes et de caméras réunis pêle-mêle dans une même boîte à outils, pour mieux contrôler les « masses ». Ils en ont progressivement fait une nouvelle boîte de Pandore.

Tandis qu’Ève ne devait pas croquer la fameuse pomme, Pandore, la toute première femme humaine dans la tradition grecque, faite d’argile et animée par la déesse Athéna, avait, elle, reçu le veto de Zeus d’ouvrir la jarre mystérieuse qu’elle détenait. Le Dieu savait que cette jarre contenait tous les maux de l'humanité : Vieillesse, Maladie, Guerre, Famine, Misère, Folie, Vice, Tromperie, Passion et Orgueil. Elle contenait aussi l'Espérance, qui seule resterait, une fois les grands malheurs libérés de leur cachette.

Il faut croire que tous les maux n’étaient pas présents dans la jarre de Pandore. Et qu’un autre, bien plus profond et plus pernicieux, restait encore à dévoiler : la Peur !

 

Ce n’est pas dans la fragile argile que la nouvelle humanité construit ses fondations, mais dans la volatile électronique. Un monde évolutif basé sur une architecture de réseaux, de connexions, de portails, ouverts ou fermés. Un espace-temps binaire, faits de « oui » et de « non », sans la moindre nuance intermédiaire, sans aucun « peut-être ». Un univers tout entier ancré dans la virtualité.

La réponse parfaite à tous ceux que la réalité effraie, pour qui « l’insécurité » est devenue trop lourde.

 

Mais quel est l’avenir d’une pensée sans contact avec la réalité, sans nuances, sans « peut-être », et surtout sans risques ?

Le risque, comme l’ont souligné nombre de penseurs des Lumières, n’est-il pas l’aiguillon nécessaire qui nous pousse à vivre et à grandir ? Et le « peut-être », ne doit-il pas être entendu au sens de « pouvoir être », en tant que potentiel et devenir ? En l’occurrence, ceux de notre humanité ?

En attendant, continuons de sourire aux hommes et aux femmes que l’on croise, et de caresser les cheveux des enfants.

Publié le 12/01/2022

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