Sommes-nous en train d’assister à la naissance d’une justice climatique ?

 

La lecture d’un passionnant article de Marta Torre-Schaub (Directrice de recherche CNRS, juriste, spécialiste du changement climatique et du droit de l’environnement), nous apprend que le gouvernement français doit faire face, depuis jeudi dernier (19/11) à une fort mauvaise nouvelle.

Il s’en serait sans doute bien passé, vu les nombreux dossiers auxquels il doit déjà faire face : allégement du confinement, fronde des commerçants (soutenus par une large partie de la population), durcissement très contesté des lois sécuritaires dans le cadre de l’état d’urgence, gestion des prochaines campagnes de vaccination, etc. Et cela, rien que pour le volet de politique intérieure. Les questions internationales, avec les nouvelles variables introduites en particulier par les USA et la Chine, semblent mises entre parenthèses, ce qui ne pourra durer éternellement.

Cette fois, et selon l’article en question, ce sont les questions environnementales qui reviennent de plein fouet frapper l’exécutif, à la manière d’un boomerang mal contrôlé. Le gouvernement pourrait en effet apprendre à ses dépens que l’usage abusif des effets d’annonce (non suivis d’effets) peut aussi présenter de sérieux risques.

 

En effet, depuis les Accords de Paris, nos dirigeants n’ont eu de cesse de clamer leurs bonnes intentions en matière environnementale, allant jusqu’à dénoncer les propos irresponsables d’autres pays sur ce sujet. Seulement, comme cela s’est souvent vu ces derniers temps et sur d’autres thèmes : « Le discours, c’est bien, mais les actes c’est mieux » !

Ici, la question soulevée est : « Quelles actions ont été entreprises en France, et avec quels résultats, pour tenir les engagements pris lors des Accords de Paris ? »

 

Cette interrogation, ce n’est pas moins que le Conseil d’État qui vient de la poser au gouvernement, dans le cadre d’une décision historique (j'y reviendrai dans un instant), assortie d’une obligation de fournir dans les trois mois les informations permettant de montrer et de justifier que le pays respecte ses objectifs de réduction de gaz à effet de serre, auxquels il s’est engagé.

 

Mais, direz-vous, quelle mouche a donc piqué le Conseil d’État ?

Il s’agit de bien plus qu’une simple mouche.

Aviez-vous jusqu’ici entendu parler de « l’Affaire du siècle » ? (Rien à voir, je vous rassure, avec le Black Friday qui nous guette.)

Il s'agit d'un dossier qui a pris naissance à Grande-Synthe (Hauts de France), lorsque son maire (écologiste) Damien Carême, voyant sa commune très exposée aux risques de submersion marine et d’inondation, a déposé fin 2018 un recours gracieux auprès du gouvernement pour demander à la France d’intensifier sa lutte contre le changement climatique !

 

Ah, ces écologistes ! Toujours à demander des comptes. Des empêcheurs de tourner en rond, des coupeurs de cheveux en quatre (voire même des « antirépublicains », si l’on en croit les récentes et incroyables déclarations de la Maire de Paris !).

 

Le recours de M.Carême a, il fallait s'y attendre, été ignoré. Mais, persévérant (comme beaucoup d’écologistes), il décide de saisir le Conseil d’État. Et cette fois, il n’est plus seul. Corinne Lepage, avocate et ex-ministre de l’écologie, femme intelligente et compétente, sincèrement engagée en faveur de l’environnement, est à ses côtés. Sont également présents la Fondation Nicolas Hulot, Greenpeace France, Oxfam France, Notre affaire à tous. Ensemble, ils forment le groupe « l’Affaire du siècle ».

 

Ils lancent le premier contentieux climatique, de fait emblématique, contre l’État français ; une plainte visant « l’inaction climatique » de ses dirigeants, qui place le Juge (Conseil d’État) dans son rôle de contrôle de l’action publique.

 

Dans sa décision rendue jeudi dernier, le Conseil dénonce le retard pris par la France ou du moins le « décalage » existant entre les mesures prises et les objectifs fixés. Et notamment que l’essentiel des efforts prévus ont presque tous déjà été reportés au-delà de 2020. Dans ce cadre, le Conseil rappelle (point 13 de sa décision) que l’article 2 du décret de novembre 2015 a fixé pour la période 2015–2018 […] une valeur limite de 442 Mt de CO2eq par an ». Une limite dépassée par la France… dès 2016.

Par ailleurs, il se prononce sur le manque de cohérence entre les résultats et les moyens pris, faisant ainsi écho aux propos du Haut Conseil pour le climat recueillis dans son rapport de 2019.

Enfin, sa décision rappelle l’importance d’aligner le droit national sur les objectifs de l’Accord de Paris, ainsi que la nécessité d’avoir un cadre national de référence cohérent avec ses objectifs ainsi que ceux fixés dans les engagements européens.

 

Cette décision, pionnière dans son genre en France, s’inscrit dans une dynamique contentieuse déjà enclenchée en Europe et dans le monde. Aux Pays-Bas, par la décision Urgenda en cassation (décembre 2019), en Grande Bretagne à propos de l’aéroport de Heathrow (février 2020), en Irlande, par une décision de la Cour Suprême en août dernier…

 

Cette demande du Conseil d’État ouvre une voie prometteuse pour l’avenir du contentieux climatique en France et ailleurs. D’autant que les conséquences de cet arrêt peuvent être lourdes pour le gouvernement car, faute de justifier d’ici trois mois qu’il a bien respecté les objectifs fixés, il risque d’être enjoint de le faire, voire même, de devoir prendre toutes les mesures législatives et réglementaires pour y parvenir.

 

Mr Carême peut se féliciter de sa persévérance. Après l’ignorance totale dans laquelle lui et ses administrés de Grande-Synthe ont été tenus, il y a fort à parier que son dossier sera examiné avec la plus grande minutie

 

Publié le 24/11/2020
Quand la réalité rejoint (sans trop de surprise) la fiction

Le régulateur de l’État de Nouvelle-Galles du Sud a refusé au groupe Crown, l’ouverture de son nouveau casino à Sydney.

La tour, flambant neuve, abritant hôtel, magasins, restaurants, est pourtant bien construite. Impossible de la rater : avec ses 270 m de hauteur, elle dépasse toutes celles construites jusque-là dans la capitale provinciale.

 

Mais l’inauguration de l’immense casino qu’elle est censée abriter est pour l’instant suspendue, dans l’attente des résultats qui est menée sur les activités du groupe. Celui-ci est en effet soupçonné de blanchir les revenus de la drogue, du trafic d’êtres humains (dont la prostitution de mineurs) et même du terrorisme !

 

Il s’agit hélas d’une pratique courante, à laquelle l’Australie échapperait difficilement, et dont je faisais état dans mon dernier roman australien : Le chant des galahs, paru cette année chez Aube Noire.

 

 

Dans celui-ci, le personnage central, l’officier détective Archibald Anderson, découvre sur le cadavre d’un meurtrier, des jetons d’un casino, le Lucky Roo, reconnaissables à l’inscription faite sur leur verso : Put The Devil In Your Pocket tracée autour de l’image d’une tête de kangourou.

Découverte qui donne lieu (entre autres) au court dialogue qui suit :

 

« Jetons, contrebande, prête-noms… ça ne te donne pas une petite idée ? » demande Mac Boyd.

Je ne réponds pas, même si je commence en effet à comprendre où Jim veut en venir. Il enchaîne :

« Tes gars, là : Kemp, Diaz, Koopman, Miller… Ce sont tous des étrangers. Sud-Africain, Pom, Mexicain… Si je colle à ton hypothèse, et que ces types veulent monter un trafic de “substances illicites”, il est clair qu’ils n’ont pas le choix : il leur faut se servir d’un réseau déjà existant ! Autrement dit ?

— Le milieu ? tenté-je du bout des lèvres.

— Bingo ! Et s’ils entendent ne laisser aucune trace comptable de leurs transactions, tout en garantissant à leurs fournisseurs qu’ils seront payés rubis sur l’ongle… quoi de mieux qu’un établissement de jeux ? Il leur suffit d’acheter un bon paquet de jetons, réglés bien évidemment en liquide, puis de se débrouiller pour les perdre aussi vite. Le casino a encaissé les sommes, il ne lui reste plus qu’à livrer la marchandise à un tarif convenu !

— Je… Oui ! Ça me va ! C’est une combine parfaite.

— Vieille comme le monde, renchérit Higgins.

— Et Koopman a ainsi l’assurance qu’aucun contrôle, même approfondi, ne fera apparaître les transactions. Il ne prend des risques que sur le transport. Mais qui irait suspecter des véhicules promenant des scientifiques et leur matériel ? Dans le pire des cas, si une des équipes se fait coincer, il est facile de désigner un des hommes comme étant l’unique responsable. “Une initiative aussi malheureuse que déplorable !” Seul ce gars ira passer du temps sous les verrous… avec la promesse d’être grassement dédommagé par l’Agence ! »

Le superintendant pose sur moi un regard amusé, mais se sent toutefois obligé de refréner mon enthousiasme :

« Tout doux, Archibald ! Atterris et reviens parmi nous, s’il te plaît. Encore une fois, ce ne sont que des “hypothèses”. Nous n’avons aucune preuve !

 

Et ce sont justement des preuves que le régulateur d’État et ses enquêteurs vont devoir mettre en évidence s’ils entendent continuer à faire barrage aux activités du groupe Crown. L’enjeu est d’importance, compte tenu du nombre d’établissements que possède ce groupe dans le pays, et de la gravité des soupçons qui pèsent sur lui.

 

Publié le 19/11/2020
Coup de Trafalgar sur le Beaujolais Nouveau !

Une fois de plus, la guerre est déclarée entre la France et l’Angleterre !

Celle de Cent Ans ne s’est en fait jamais terminée. Et ce nouvel épisode commencera très précisément le 3ème jeudi de novembre, jour de lancement du… « English Nouveau » !

 

Pinot contre Gamay, mais surtout English contre French, comme le soulignent le titre et l’étiquette de cet ennemi surgi des lointaines collines du Herefordshire.

 

L'assaillant, au panache carmin, portant les armes de la Couronne britannique, entend chevaucher à travers comtés, landes et prairies, ainsi que les océans, jusque dans les lointaines terres australes, américaines, scandinaves, pour bouter hors des frontières des susdits royaumes… notre merveilleux et si jalousé Beaujolais Nouveau !

 

English Nouveau déclare vouloir se battre avec les mêmes armes que les vaillants représentants du Beaujolais, annonçant un nez aux arômes de fruits rouges, cerises et mûres en tête, et une note finale aux saveurs de fruits exotiques !

On s’interroge déjà s’il ne gardera pas en réserve la botte secrète, si chère aux producteurs français : le fameux « goût de banane » ?

 

Notre fleuron national résistera-t-il à ce nouvel assaut ?

Rappelons les sévères batailles lancées contre lui par les Américains (en fait des Britanniques installés outre-Atlantique), qui n’ont pas hésité pour tenter d’imposer leur infâme coca-cola, à le baptiser « Beaujolais du Texas ».

Mais notre fier Beaujolais a tenu bon, et il ne fait aucun doute que la dive boisson saura aussi résister à cette vaine tentative anglaise de le combattre sur son propre terrain.

 

Plus que jamais tenons haut nos verres à l’arrivée du Beaujolais nouveau, et brandissons ainsi nos couleurs nationales !

 

- Allez, patron, hips, remettez-nous ça !

 

Publié le 17/11/2020
Vous aimez le miel ?

Je ne sais pas pour vous, mais mon épouse et moi nous sommes découverts une vraie passion pour le miel. Même si, bien sûr, nous en consommions déjà « normalement », c’est lors de notre premier séjour en Tasmanie que nous avons découvert le vrai plaisir de déguster du miel.

Tout a commencé avec le miel de leatherwood, qui nous a subjugués par son goût unique, profond et suave. Puis d’autres miels ont su également nous séduire : le Tea tree, le Blue gum (eucalyptus), le Prickly box, et tant d’autres encore.

Depuis, et poursuivant nos recherches sur ces merveilleux nectars tirés des fleurs, nous avons dégusté beaucoup d’autres merveilles, dont celles, bien sûr, produites en France, à commencer par l’extraordinaire miel de Bruyère blanche.

Quoi qu’il en soit, la liste de ces trésors serait trop longue, et leur classement trop subjectif pour que je me risque à en dresser une ici.

Je reste simplement conscient de ce que nous devons aux abeilles pour produire une substance (et ses dérivés) aussi savoureuse et bonne pour notre santé (dans la limite d’une consommation malgré tout raisonnable, compte tenu de sa forte teneur en glucides).

 

Nous sommes des millions à aimer et respecter les abeilles. Un des rares insectes qui trouve grâce à nos yeux, notamment pour son rôle important de pollinisateur au sein de nos cultures, plantes et fruits. Il n’est pourtant pas le seul à remplir cette fonction. Ainsi les bourdons et les guêpes, les papillons, les mouches, les coléoptères, volants (coccinelles…) ou terrestres (gendarmes…), et même les fourmis. Nous ne devons pas non plus oublier le rôle des milliards d’insectes terrestres sans lesquels nos sols ne seraient plus nourris et perdraient toute fertilité naturelle. Leur disparition représenterait un péril irrémédiable pour nos prairies, nos forêts, nos champs…

 

Pourtant, tous ces insectes, abeilles y compris, se voient à nouveau menacés.

 

Je voudrais en effet revenir sur une décision prise en octobre dernier par le gouvernement, et que tout le monde semble avoir déjà oubliée. Elle vise directement les insectes et, au-delà, leur impact pourtant bénéfique dans nos écosystèmes.

La loi d’interdiction sur l’usage des néonicotinoïdes (communément qualifiés de « tueurs d’abeilles ») votée en 2016, a été amendée pour qu’une dérogation soit accordée à l’industrie sucrière.

 

Une histoire qui, bien que triste (et donc malvenue dans le contexte actuel), est tellement incroyable qu’elle mérite vraiment qu’on s’y arrête. Voici un rapide résumé des faits :

 

Les néonicotinoïdes forment la famille d’insecticides la plus puissante et la plus vendue dans le monde ; ils contiennent des neurotoxiques qui modifient la mémoire des insectes, perturbent leur sens de l’orientation, finit par les paralyser et les tuer. Ces produits affectent également leur mode de reproduction.

Utilisés à hautes doses par l’agriculture intensive, dont celle de la betterave sucrière, ils ont grandement contribué à la disparition d’une large partie des populations d’insectes. Ainsi, selon les études récentes conduites par le CNRS, 85% des insectes volants ont disparu en France au cours de ces vingt dernières années.

 

Ces études ne font que confirmer ce qu’il nous est loisible d’observer lorsque nous nous déplaçons sur notre territoire. Plus de moustiques ou de moucherons collés sur nos pare-brise, plus de champs couverts de papillons. Fini aussi les joyeux ramages de nombreuses espèces d’oiseaux dont la population a chuté de 38% sur la même période, faute d’insectes pour se nourrir.

En ce qui concerne plus précisément les abeilles, vous avez peut-être été témoin, lors de vos promenades dans la nature, du comportement étrange de certaines d’entre elles, qui paraissent totalement désorientées, et dont les cadavres finissent par joncher le sol, loin de toute ruche.

 

Il aura fallu pas moins de 1200 études scientifiques démontrant la forte nocivité des néonicotinoïdes sur l’environnement, et vingt années de lutte entre, d’un côté, apiculteurs et écologistes, de l’autre l’industrie agro-alimentaire (dont la puissante industrie sucrière), pour que soit enfin votée, en 2016, l’interdiction d’emploi de ces insecticides.

Cette rare victoire écologique, emportée avec le soutien de nombreuses associations, a été confortée par Nicolas Hulot, dès sa nomination au poste de ministre en 2017. Seulement, l’engagement du gouvernement Macron en matière de protection environnementale dépasse rarement le stade du discours, que ses actes et décisions viennent, qui plus est, souvent contredire.

Dans le cas précis des néonicotinoïdes, le point de vue des fabricants (géants de la chimie : Syngenta, Bayer Monsanto) et de l’industrie sucrière a plus de poids dans les choix politiques, que celui des millions de personnes qui, en France, veulent défendre les abeilles et la nature. Plus choquant, il s’agit de décisions prises sans réelle concertation, et en dépit des études scientifiques publiées.

 

L’industrie sucrière française est le 1er producteur européen de sucre blanc, réalisé à partir de betteraves. Elle pratique un usage intensif des néonicotinoïdes.

Pour produire le pire sucre pour la santé, on utilise la pire arme chimique contre la nature !

 

Ses produits commercialisés portent les marques Daddy, Béghin Say, Saint Louis.

Ses lobbyistes sont très puissants : SNFS (Syndicat professionnel des fabricants de sucre), l’AIBS (Association interprofessionnelle de la betterave et du sucre) UIPP (Union des Industries de la Protection des Plantes) CGB ( Confédération générale des planteurs de betteraves, filiale de la FNSEA).

 

Selon la loi votée en 2016, les néonicotinoïdes ne devaient plus être du tout utilisés dès 2018. Une dérogation de 2 ans supplémentaires avait toutefois été accordée à l’industrie sucrière, qui réclamait ce temps pour pouvoir s’adapter à de nouveaux modes de production (ce qu’elle n’avait pas cherché à faire durant les 20 années précédentes et n’a toujours pas cherché depuis). Il était toutefois admis qu’à l’été 2020, plus aucune dérogation ne serait accordée.

Malgré les incessantes tentatives des lobbyistes du sucre, le gouvernement français avait tenu bon, au moins jusqu’en 2018, notamment grâce à la fermeté de Nicolas Hulot sur ce sujet.

 

Et pourtant, cette loi vient d’être amendée, au profit de l’industrie sucrière, et pour les plus mauvaises raisons.

- Les lobbyistes sont revenus à la charge, profitant de la pandémie covid 19 et de la crainte d’une pénurie alimentaire, évoquée lorsque les rayons des magasins ont été provisoirement vides, du fait de la panique populaire.

En réalité, il n’y avait aucune pénurie, et certainement pas de sucre ! (La France est l’un des plus grands producteurs mondiaux et exporte 50% de sa production).

- Ils ont également invoqué une invasion de pucerons, responsables d’une maladie, la jaunisse de la betterave, ce qui aurait provoqué 50% de pertes de production.

En réalité, les pertes de production ont été inférieures à 15% (cf. Le Betteravier Français).

- Ils ont lancé une campagne pour développer l’idée que cette industrie est un fleuron national, que l’on n’a pas le droit de laisser mourir.

En réalité, il s’agissait d’une campagne « patriotique » visant à s’attirer les faveurs des citoyens, en plus de celles du gouvernement.

 

Ainsi, malgré les nouvelles études publiées de concert par le CNRS et l’INRA fin 2019, qui démontrent que la pollinisation gratuite par les abeilles s’avère bien plus avantageuse que l’utilisation des pesticides, c’est l’industrie sucrière qui a eu gain de cause contre les abeilles (et les insectes) ; le gouvernement qui a imposé ses choix, contre l’avis de la majorité de la population.

 

Ceci pose une très grave question : au nom de quelle(s) réalité(s) peut-on décider de faire peser un tel risque sur la nature et notre avenir alimentaire ?

Pour 15% de betteraves (et de sucre) en moins ?

 

Alors que tous nos spécialistes de santé dénoncent le scandale d’une production alimentaire trop sucrée, et des dangers de morbidité qui lui sont associés (obésité, maladies cardio-vasculaires…), les industriels continuent de promouvoir l’usage du sucre (jusque dans le jambon, le lait, les boissons…) vu qu’il est un ingrédient à très faible coût.

 

Un changement de logiciel s’impose d’urgence, mais cela échappe d'évidence à ceux qui votent ces lois iniques, sans doute soumis à d’autres considérations.

 

Alors, pour ne pas en rester au stade du réquisitoire, sans proposer les solutions que celui-ci appelle, je me permets d’en proposer au moins une, pas si difficile à mettre en œuvre : pensez au miel !

Celui-ci remplacera avantageusement le sucre blanc dans la plupart de vos recettes, et aura des vertus bien plus bénéfiques pour votre santé.

Les nectars issus des fleurs ont une infinité de saveurs à nous offrir, et les abeilles sont là pour nous les faire découvrir. Ne méritent-elles pas notre plus vive attention ?

Tels ces vers de Virgile, dans Les Géorgiques :

 

« Poursuivant mon œuvre, je vais chanter le miel aérien, présent céleste. Je t’offrirai, à partir de tous petits êtres, un spectacle admirable. Quand le soleil d’or a mis l’hiver en fuite, et l’a relégué sous la terre, quand le ciel s’est rouvert à l’été lumineux, aussitôt les abeilles parcourent les fourrés et les bois, butinent les fleurs vermeilles et effleurent, légères, la surface des cours d’eau. Transportées alors par je ne sais quelle douceur de vivre, elles choient leurs couvées et leur nid, et façonnent avec art la cire nouvelle et composent le miel »

 

Publié le 16/11/2020
Relire Michel de Montaigne

J’imagine que si vous visitez ce site, c’est que vous êtes également curieux de littérature et de voyage.

Aussi, en ces temps où il peut être bon de s’abstraire d’une actualité sombre et pesante, je choisis de revenir à Michel de Montaigne, pour l’œuvre duquel, vous l’aurez compris, je voue une grande affection, en partageant cette pensée à propos du voyage (tirée de ses Essais, Livre III) :

 

« S’il ne fait pas beau à droite, je prends à gauche ; si je me trouve peu apte à monter à cheval, je m’arrête. Ai-je laissé quelque chose à voir derrière moi ? J’y retourne ; c’est toujours mon chemin. Je ne trace à l’avance aucune ligne déterminée, ni droite ni courbe […] J’ai une constitution physique qui se plie à tout et un goût qui accepte tout, autant qu’homme au monde. La diversité des usages d’un peuple à l’autre ne m’affecte que par le plaisir de la variété. Chaque usage a sa raison d’être. »

 

Si Montaigne suggère cette forme essentielle de pratique du voyage, c’est probablement parce que, contrairement à des modes plus organisés, elle nous garantit à la fois une expérience véritable de l’ouverture au monde, mais aussi, et de ce fait, de pouvoir revivre nos voyages ultérieurement, en « mode intérieur », autrement dit par la pensée, avec le même bonheur. Ce qui, convenons-en, est tout de même très précieux durant ce confinement forcé. 

 

Cette forme de liberté d’action - prendre à droite, à gauche, revenir en arrière, ou marcher au pas cadencé qui nous serait imposé - Montaigne l'évoque également dans sa fameuse maxime : « Nous devons nous prêter à autrui, et ne nous donner qu’à nous-même. ». Elle est transposable à de multiples situations, y compris celles auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui.

Je pense en particulier à nos interrogations récurrentes concernant notre liberté individuelle et notre liberté collective ; notre crainte que sacrifier l’une au détriment de l’autre ne conduise, pas à pas, à une forme quasi-irréversible de société totalitaire, et le recours à des solutions extrêmes.

 

Montaigne nous alertait à ce sujet :

« Le peuple se trompe : on va bien plus facilement par les bouts, là où l’extrémité sert de borne d’arrêt et de guide, que par la voie du milieu large et ouverte, mais bien moins noblement et de façon moins estimable. »

 

La période de crise que nous traversons peut-être vécue de façon angoissante. Et nos peurs risquent en effet de nourrir des idées extrêmes, totalitaires.

 

« Dans ce moment de panique, je n'ai peur que de ceux qui ont peur.” écrivait Victor Hugo.

Un sentiment que reprenait Franklin Delano Roosevelt lors de son discours d’investiture… en 1933 !

« La seule chose dont nous devons avoir peur, c'est la peur elle-même. »

 

La recommandation de Michel de Montaigne est de privilégier la Voie du Milieu (également chère au cœur des taoïstes et des confucianistes), pour ne pas céder à la tentation des extrêmes ; de nous recentrer. Ce que j’évoquais déjà dans ma chronique du 18 avril dernier, à l’occasion du premier confinement :

« L’enfermement auquel nous sommes contraints n’a de valeur ou de sens que pour le retour qu’il nous permet d’opérer sur nous-même. Le temps de réflexion et de méditation qu’il nous offre revêt une immense valeur au regard de nos actes à venir. »

 

En tout cas, je vous le garantis, relire Montaigne est un excellent remède pour vaincre nos peurs.

 

Publié le 14/11/2020
Environnement mortel... suite

Je suis reconnaissant envers la lectrice qui, après avoir lu ma chronique du 14 octobre dernier, m’a adressé le lien ci-dessous, en rapport avec les thèmes plus précisément détaillés dans mon livre Environnement Mortel.

 

Il s’agit de l’interview d’un écrivain journaliste, Lionel Astruc, et de l’enquête qu’il a publiée à propos de Bill Gates et de sa fondation Bill &Melinda Gates.

 

Dans ma chronique du 14 octobre, je partais de l’observation suivante : les faits réels présentés sous forme de fiction dans mon roman, pourtant publié en 2012, collent encore parfaitement à l’actualité. J’en trouve une nouvelle confirmation avec l’enquête de Lionel Astruc (qui ne s’embarrasse pas de fiction et cite clairement les noms de ses « personnages »). Celle-ci, et les conclusions qu’il en tire, sont 100% conformes avec les recherches que j’avais menées à l’époque, et mes propres conclusions.

 

Cela démontre aussi, hélas ! que les mécanismes économiques conçus à la fin des années 1990, pour développer des intérêts privés au nom d’une soi-disant philanthropie sont toujours bien en place, et ont permis à leurs auteurs de consolider leur immense fortune, sans réelle considération pour l’avenir de leurs congénères, ni même de la planète.

 

Ne connaissant pas le media ayant réalisé l’interview (que vous pourrez découvrir en cliquant sur le lien ci-après), mon souhait de le partager avec vous ne cautionne que les propos de M. Astruc dans le cadre de celle-ci.

 

https://www.youtube.com/watch?v=Dqzt6yAmdDE

 

Bien sûr, je vous invite à nouveau, si ce sujet vous intéresse, et si vous ne l’avez pas déjà lu, à découvrir également Environnement mortel et son enquête richement documentée présentée sous la forme d’un thriller.

 

 

Le livre est présenté dans la section « Adultes », lien accessible dès la page d’accueil de ce site.

 

Publié le 11/11/2020
Un moyen d'éradiquer la pandémie enfin identifié !

Voici un communiqué officiel qui devrait nous redonner à tous du baume au cœur !

Il semblerait que des linguistes, travaillant en équipe avec des orthophonistes, aient trouvé le moyen de venir à bout de la pandémie, selon un plan précis, applicable sur quatre semaines seulement.

Pour le découvrir dans les meilleures conditions, et bien vous en imprégner, je vous invite à le lire à voix haute.

Bien amicalement.

 

Mesdames, Messieurs, chers compatriotes.

Afin d’éradiquer la pandémie qui impacte notre planète depuis des mois, nous avons fait appel aux plus hautes sommités scientifiques de ce pays qui ont répondu présent avec un élan de générosité absolue.

Grâce à eux, et tout particulièrement aux spécialistes du langage, il apparaît qu’une solution déterminante pour vaincre le virus a été identifiée.

Comme vous le savez, le virus est aérosol. Il se transmet essentiellement par les postillons, et donc les voyelles sont totalement innocentes. Seules les consonnes sont coupables. Aussi avons-nous décidé de bâtir un plan de révision phonétique étalé sur quatre semaines, remettant en cause l’usage des sonorités occlusives, également appelées, à juste titre, explosives, ainsi que de certaines fricatives.

 

Semaine une, nous allons dans un premier temps supprimer les occlusives labiales  « Pe » et « be », au profit de la nasale « me ». Conséquence, mrès de soixante-dix mour cent des mostillons sont éliminés, et de mlus on a constaté qu’ainsi la diction gagne meaucoup en soumlesse.

 

Semaine deux, c’est au tour des occlusives dentales « de » et « te », remmlacées mar la nasale « ne ». C’est mlus nifficile, il faunra un cernain nemps mour s’y habinuer, mais une semaine nevrait suffire.

 

Semaine nrois, les nernières occlusives nismaraînront, à savoir les vélaires que sont les sons « ke » et « ge » nurs, comme nans « gaga », remmlacés mar la nasale « nie ». Nous omniennrons alors un laniage, meaunieux mlus séniurisé ni nevrait mermenre ne rénuire la nisnance marrière à nianre-vingt nouze cennimènres.

 

Mour finir, la semaine nianre, la mesure la mlus nrasninie, nionsisnera à éliminer les frinianives nionninues « ve », « fe », « se » et « ze », ainri nie les frinianives chuinnannes « Je » et « che », aunielles re rumrninura la renianie rimrane « re ».

 

Rers niomanriones, merri ne ronre annenrion,

Rire la Rémumlinie, rire la Ranre !

 

 

Publié le 11/11/2020
Beaucoup trop de cynisme, n'est-ce pas Mr Wilde ?

Le cynisme, de nos jours, n’a plus grand-chose à voir avec ce que les philosophes grecs qui ont fondé cette école de pensée avaient en tête.

Antisthène, Diogène, et ceux qui les ont suivis, offraient là une proposition visant à développer la sagesse. Proposition qui s’appuyait sur le recours à la contestation, à une totale liberté d’esprit, et au chamboulement de tout conformisme, de tout modèle moral.

Provoquer l’ordre établi, mendier, ne pas respecter les règles sociales… jusqu’à se promener nu dans la rue et pisser et déféquer comme le ferait un chien, est bien au programme des Cyniques. Un nom qu’ils doivent au terme grec ancien kuôn, qui signifie précisément « chien ».

 

Il n’est plus guère question d’une quelconque quête de sagesse dans le cynisme moderne, désormais plus proche de l’ironie et du sarcasme. Et ceux qui le pratiquent font surtout montre de mépris et d’agressivité, ce qui le rend difficilement supportable.

 

Et je retiendrai volontiers l’excellente définition que donnait Oscar Wilde du cynique :

 

«Un homme qui connaît le prix de chaque chose et la valeur d'aucune !»

 

Ce qui colle très bien avec la chronique présente.

Mais venons-en d’abord au fait.

 

Un reportage télévisé, présenté ce matin dans un journal d'informations, était présenté comme un « fantastique exemple de solidarité des grandes surfaces à l’égard des petits commerces ». Titre accrocheur, il est vrai, car d’emblée suspect, compte tenu de la pauvre réputation desdites grandes surfaces en matière de compassion sociale.

 

Cela se passe en région parisienne. La jeune propriétaire d’une boutique de jouets qui a été fermée, confinement oblige, a été généreusement invitée à s’installer dans une grande enseigne Monoprix. Devant les caméras, la jeune femme témoigne. Elle est reconnaissante au propriétaire du grand magasin pour son initiative. Mais on la sent peu enthousiaste, je dirais même déboussolée. Puis arrive le gérant de l’établissement, expliquant avec une fierté non dissimulée son geste altruiste : « Nous ne sommes pas concurrents, et il faut bien s’entraider ». Sic !

 

Déboussolés, nous le serions à moins !

 

Comment expliquer que cette vendeuse de jouets serait moins « dangereuse » (sur le plan sanitaire) dans un Monoprix (où le flux de clientèle est tout de même conséquent) que dans sa petite boutique ? Pourquoi l’autoriser à vendre ici et pas là ?

 

Cette question vaut bien sûr pour tous les autres magasins et la forme de confinement qu’a imposée le gouvernement. Chacun a compris que ce ne sont pas ces magasins, respectueux des consignes sanitaires (et qui ont beaucoup investi en ce sens), qui sont à l’origine des nombreuses contaminations. 

 

Dans le cas du reportage de ce matin, le cynisme semble poussé à l'extrême. Quel est le véritable intérêt du gérant de ce Monoprix ? N’est-ce pas d’avoir trouvé le moyen de commercialiser des jouets, alors qu’il est supposé ne pas le faire, justement par solidarité ? Pile au moment de la préparation des fêtes de Noël, et se donnant ainsi le moyen d’attirer encore plus de clients dans son établissement ?

Solidarité ou opportunisme ? Comment le journaliste responsable de ce reportage, et celui qui le diffuse ou le commente, peuvent-ils ne pas se poser la question ?

 

Les grandes enseignes ne reculent devant rien. La preuve, les campagnes d’affichage en ce moment, pour la vente des jouetsdans les grandes enseignes comme Auchan et d’autres.

 

Sommes-nous bien conscients de ce qui se joue-là ?

« À qui profite le crime ? ». Qui profitera de la disparition programmée de ces centaines de petits commerces, sinon les géants de la vente par Internet et les actionnaires des grandes enseignes ? Nombre d’emplacements seront à vendre dans les centres-villes, précieux pour implanter des points relais de la vente par Internet ou des mini-surfaces type Monop ou City, qui se comptent pourtant déjà par centaines. D’importantes sociétés se frotteront les mains. Françaises, étrangères, peu respectueuses des règles sociales, si on en juge par la façon dont elles limitent si bien leurs contributions fiscales.

 

De la même manière, sur une autre chaîne, nous pouvions assister au désarroi d’un restaurateur, installé depuis plus de vingt ans, contraint de fermer, et qui contemplait, la gorge nouée, l’interminable file de voitures devant un Mac Do, une centaine de mètres plus loin.

 

A moins qu'il ne s'agisse, plus simplement, d’une mutation générale du commerce ? fini la petite échoppe de proximité, fini la « complémentarité » entre les boutiques locales spécialisées et la vente par internet ; le monde de demain se composera, d’un côté de magasins généralistes de « grande consommation » (mini grandes surfaces), de l’autre, des mêmes sur Internet.

 

Si tel est le cas, il serait plus honnête de cesser de verser des larmes hypocrites sur le sort peu enviable réservé aux restaurateurs et aux petits commerces ! Ne tombons pas dans le piège d'un cynisme insupportable.

 

Outre-Atlantique, le langage trumpiste a au moins l’avantage d’être franc : You’re fired ! (Vous êtes viré !)

 

C'est sans doute l'occasion de rappeler cette définition du comble du cynisme, donnée cette fois par Alphonse Allais :

 

<< Assassiner nuitamment un boutiquier, et coller sur la devanture : « fermé pour cause de décès ». >>

 

Publié le 10/11/2020

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