De bonnes nouvelles d’Australie occidentale

Il arrive heureusement que les nouvelles reçues apparaissent plus graves que ne le sont en réalité les événements auxquels elles se rapportent.

Ainsi, celles concernant les incendies en Australie occidentale (capitale : Perth) laissaient entendre que ceux-ci étaient particulièrement nombreux et dramatiques.

 

En réalité, selon la carte des incendies publiée en temps réel par le gouvernement fédéral, il semble que ces incendies, très localisés (Nord-est de Perth), ne soient pas si nombreux et ont pu être en partie maîtrisés. La difficulté, fréquente pour ce type d’incident climatique, est qu'aussitôt un foyer contrôlé, un autre se déclenche, mobilisant en permanence les forces de sécurité du feu.

 

Inquiet pour les personnes que nous avions eues le bonheur de rencontrer dans cette région, lors de notre précédent séjour, et en particulier l’équipe de biologistes en charge de l’hôpital créé pour secourir la faune sauvage – celui où nous avions « adopté » un bilby – j’ai pris contact avec celle-ci.

Les nouvelles sont tout à fait rassurantes : personnel hospitalier et « résidents » à plumes, à fourrure ou à écailles se portent tous bien. Plus de peur que de mal. Surtout, d’importantes pluies se sont abattues sur la région depuis vendredi soir (heure australienne), aidant à mettre un terme aux incendies encore actifs. …d’ici les prochains, bien sûr.

 

      

                      Bilby convalescent... et "adopté"                                                   Bilby dans la nature (avec éclairage nocturne)            Photos PV

 

Vivre en Australie de nos jours signifie devoir supporter des incidents climatiques de plus en plus fréquents et de plus en plus violents. Les humains comme la faune doivent se montrer capables de s’adapter, avec l'espoir qu’un cours différent sera donné aux événements en diminuant l’empreinte de l’activité humaine sur l’île-continent.

Quelle joie, en attendant, de recevoir de bonnes nouvelles de l’équipe sur place !

 

Publié le 07/02/2021
Du gaz... ou du vent ?

Il est regrettable que tant de grands projets industriels lancés au cours de ce siècle, et/ou à la toute fin du précédent, restent entachés par un tel degré de désinformation et d’hypocrisie politique.

 

Entre autre exemple récent, cette communication ambiguë qui laisse croire (avec succès) aux populations concernées, que le gaz serait une énergie beaucoup plus propre que le pétrole ou le charbon, et que les projets d’acheminement de celui-ci à travers toute l’Europe favoriseront les objectifs fixés lors des accords de Paris sur le climat, par les états membres.

En réalité, l’équivalent carbone du gaz et son rôle négatif sur l’effet de serre sont loin d’être négligeables. Nous en avons un exemple avec l’Australie et un rapport américain récent sur les projets en matière de gazoducs que le gouvernement Morrison a décidé d’étendre dans le pays. 8 500 kms de pipelines qui vont permettre l’émission de 5 milliards de tonnes de carbone, ce qui équivaut à environ 33 centrales électriques au charbon !

Et l’Australie n’est « qu’à » la 5ème place sur la liste des pays porteurs de projets du même type. L’investissement mondial en cours porte sur plus de 1 trillion (mille milliards) de dollars dans des projets de gazoducs et de pétrole, à commencer par la Chine qui se sert de son grand projet des Nouvelles routes de la Soie pour investir massivement dans ce secteur, les États-Unis, l’Inde, et bien sûr la Russie.

 

À propos de Russie, le gouvernement allemand brille justement par son hypocrisie. Fermeture des centrales à charbon d’un côté, à grands renforts de communication « verte », mais défense contre vents et marées du projet russe de gazoduc Nord Stream 2 (aussi baptisé « Pipeline Poutine ») qui sera générateur à terme de phénoménales émissions carbone.

Et quand l’affaire Navalny, cet opposant politique à Poutine récemment empoisonné et maintenant arbitrairement emprisonné, prend l’ampleur qu’on lui connaît, justifiant aux yeux de plusieurs pays européens un boycott (au moins temporaire) de Nord Stream 2, l’Allemagne continue de défendre mordicus le projet. Elle n’a pas bougé non plus devant la ferme opposition  à ce projet de la part des Pays Baltes et de la Pologne qui se voient pourtant menacés dans leur intégrité politique et leur indépendance économico-énergétique par le nouveau « pipeline Poutine ». Sans compter les 581 voix du Parlement Européen qui s’étaient également élevées contre ce projet.

 

Le géant russe Gazprom, lui, n’hésite pas, à mots à peine voilés, à laisser entendre qu’en cas d’abandon du projet, il ne se presserait pas pour rembourser les milliards investis par ses partenaires européens ! Magnifique exemple d’honnêteté et de solidarité.

 

Les États-Unis ne se montrent bien sûr pas en reste. Le gouvernement Biden a déjà fait savoir qu’il se tiendrait, sur ce sujet, dans la droite ligne de son prédécesseur, D Trump : fermement opposé à la finalisation du projet. Une prise de position qui ne doit toutefois rien à une soudaine conscience écologique, mais bien plutôt à l’impérieuse nécessité pour lui de vendre à l’Europe… son gaz de schiste !

 

En dépit de tous les beaux discours dont on nous abreuve depuis quelques années déjà, l’économie continue de primer sur l’environnement, alors même que le coût financier et humain, que la planète va très vite payer en contrepartie, sera sans eucun doute beaucoup plus lourd.

 

Publié le 04/02/2021
Nouveau coup d’état au Myanmar

Avec le putsch d’hier, l’instabilité politique au Myanmar ne fait que reprendre de plus belle. La pâle accalmie offerte avec la gouvernance d’Aung San Suu Kyi n’aura en fin de compte été que de courte durée. Quels que soient ses torts, au cours de son mandat, la « Dame de Rangoon » a aussi témoigné de beaucoup de courage lors d’un parcours de vie pour le moins tumultueux. C’est en tout cas la fin d’une promesse, celle du Printemps birman et de la fragile émergence d’une démocratie.

 

Le retour des Généraux au pouvoir est une nouvelle d’autant plus grave étant donné le contexte actuel des rapports entre la Birmanie et la Chine. Les visées colonialistes de cette dernière sur le Myanmar sont désormais connues de tous.

Le très haut niveau de corruption dont témoignaient déjà les Généraux lorsqu’ils dirigeaient le pays (jusqu’en novembre 2015, date à laquelle la Ligue nationale pour la démocratie (NDL) emportait les élections), devrait être du « pain béni » pour Pékin.

 

 

 

Pour ceux qui s’intéressent à ce magnifique pays, je me permets de conseiller la lecture de L’émeraude sacrée de Shwedagon, un récit qui se déroule en 2011, à travers la Birmanie et jusque dans le Triangle d’or. Il évoque les nombreuses et complexes composantes sociales d’une nation minée par la corruption et les trafics en tous genres. C’est aussi le parcours d’un jeune Birman, bouddhiste au cœur pur, commencé l’année de ses 13 ans, lorsqu’il est confronté aux forces obscures et au choix qu’il doit alors faire, qui conditionnera le reste de sa vie : à l’abri du plus merveilleux des temples ou dans l’enfer de la jungle birmane. (Actes Sud)

Une chose est certaine, ce récit n'a pas pris une ride malgré les dix années écoulées.

 

Bonne lecture !

 

Publié le 01/02/2021
L’avis de l’Académie des sciences

Ce 26 janvier est un jour à marquer d’une pierre blanche pour le monde de l’écologie et les progrès que l’on peut en attendre, au moins en France.

C’est en effet la date de parution d’un important avis de la très sérieuse Académie des Sciences, à propos du risque probable de disparition des insectes, de ses conséquences pour notre écosystème, et des recommandations pour l’éviter à tout prix.

 

Voici cet avis dans son intégralité (*), publié sur le site de l’Institut de France, Académie des sciences.

(*) avec plusieurs liens précieux pour ceux qui veulent approfondir ce sujet.

 

 

Avis de l'Académie des sciences - Paris, le 26 janvier 2021

 

L’érosion de la biodiversité des Insectes, de plus en plus décrite et analysée dans les travaux scientifiques, représente une grave menace pour nos sociétés.

Les Insectes constituent un des groupes d’organismes les plus importants et les plus diversifiés. Présents dans tous les écosystèmes terrestres et comportant plus d’un million d’espèces, ils assurent des services essentiels comme la pollinisation, le recyclage de la matière organique et une participation à la plupart des réseaux alimentaires. L’ensemble de ces services représente une valeur monétaire de plusieurs centaines de milliards d’euros à l’échelle mondiale.

Depuis plusieurs décennies, de nombreux travaux scientifiques dans des écosystèmes variés montrent des baisses très importantes et durables des populations d’Insectes, voire des extinctions d’espèces, et leur attribuent quatre causes principales :

• la très forte conversion des milieux terrestres, avec notamment la suppression ou la fragmentation des forêts naturelles, des zones humides et des milieux herbacés ;

• l’usage croissant et non ciblé de pesticides à haute toxicité (notamment néonicotinoïdes) ;

• les effets divers et complexes du dérèglement climatique ;

• l’introduction de très nombreuses espèces exotiques envahissantes.

 

L’Académie des sciences recommande de prendre urgemment les mesures suivantes :

• le lancement de programmes de suivi des Insectes dans différents écosystèmes permettant de préciser l’évolution à long terme des populations, ceci à l’aide de nouvelles technologies et en référence aux collections muséales ;

• une réduction significative de l’usage des pesticides pour conduire à terme à leur remplacement intégral par d’autres méthodes de lutte, par exemple celles fondées sur l’agro-écologie ;

• la limitation de la conversion des milieux, non seulement en préservant et en restaurant la complexité des habitats naturels mais aussi en restreignant le développement de nouveaux élevages ou de nouvelles cultures (par exemple certains sojas) qui contribuent à la conversion ;

• la lutte contre le dérèglement climatique et contre les espèces exotiques envahissantes ;

• la revalorisation de l’image et de l’importance des insectes au bénéfice de la Nature et de l’Humanité à travers l’engagement indispensable de la société civile.

 

 

Si ce document est d’importance, c’est bien évidemment parce qu’il est émis par la très respectée Académie des Sciences. Même si, en fait, il ne vient que s’ajouter à une bonne centaine de rapports produits par des chercheurs et des associations tout aussi sérieux et… respectables.

 

Mme Barbara Pompili, rebaptisée « Tueuse d’abeilles » depuis sa décision de réautoriser l’usage des néonicotinoïdes pour, notamment, sauver la betterave française soi-disant en péril (scandaleux dossier évoqué dans la chronique du 16 novembre dernier : « Vous aimez le miel ? ») et responsable d’une gestion catastrophique des questions écologiques… même soutenue par Emmanuel Macron (lauréat d’un récent « Boulet du climat » attribué « pour l’ensemble de son œuvre » par l’ONG Greenpeace)… aura de plus en plus de mal, à l’avenir, à tergiverser sur l’interdiction de l’usage des produits toxiques pour les sols, la faune et la flore dans notre pays.

 

Cet avis de l’Académie des sciences vient non seulement confirmer celui donné par les biologiste et écologistes déjà très nombreux, mais surtout il le renforce aux yeux de ceux qui seront appelés à voter les prochaines lois sur ces sujets.

 

Les chercheurs de l’Académie ont fait preuve de courage et de clairvoyance en signant un document de cette importance, dans le contexte de politique environnementale actuelle.

 

Publié le 29/01/2021
À propos de transition écologique

En cette période étrange où spectacles et prestations artistiques confinent au néant, pandémie oblige, les remises de Prix se font elles aussi plus discrètes.

Un Prix décerné par l’organisation écologiste Greenpeace avait de toute façon peu de chance d’être relayé dans les « grands » medias de notre pays.

 

C’est bien dommage puisque, cette année, c’est la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili qui se voit lauréate du Prix « Boulets du climat » (dans la catégorie « ministres »), décerné mardi dernier par l’ONG internationale, devant l’Assemblée nationale.

L’heureuse élue se voit ainsi félicitée pour, entre autres, sa réautorisation de l’usage des néonicotinoïdes.

Emmanuel Macron a également été récompensé « Pour l’ensemble de son œuvre ».

Publié le 27/01/2021
David contre Goliath

Comment ne pas comprendre la profonde déception ressentie par l’association de défense animale L214, suite au vote récent de l’Assemblée Nationale concernant la proposition de loi sur la condition animale portée par le député Cédric Villani et le groupe EDS (Écologie, Démocratie Solidarité) ?

Une frustration d’autant plus grande que 89% des Français s’étaient prononcés en faveur des mesures proposées dans cette loi.

 

Mais il faut croire que le combat était perdu d’avance. Une fois de plus, la cause animale n’a attiré que mépris, déni et… opposition du gouvernement et de sa majorité. Une fois de plus, M. Macron et la plupart des députés Larem, y compris la ministre de la « Transition écologique », Barbara Pompili, ont choisi de défendre les intérêts des chasseurs et de l’industrie de l’élevage intensif.

 

Le 8 octobre dernier, après juste deux petites heures de débat à l’Assemblée, les dés étaient jetés : la proposition de loi n’était pas retenue. Une commission se chargera de la vider de ses mesures les plus essentielles :

- pas d’interdiction de la chasse à cour

- pas d’interdiction de la chasse à la glu

- pas d’interdiction de détention d’animaux sauvages par des particuliers

- et surtout : pas de sortie de l’élevage intensif d’ici 2030

 

Les députés Larem refusent de remettre en cause l’élevage intensif, dont sont pourtant victimes plus de 80% des animaux de notre pays (pour mémoire : un milliard d’animaux d’élevage abattus chaque année en France).

 

Les « enquêteurs » de L214, soutenus par de nombreux naturalistes et d’autres associations de protection animale, n’ont pourtant pas chômé en 2019 et 2020, afin d’apporter suffisamment de témoignages, aussi accablants qu’incontestables, sur les très nombreuses pratiques cruelles, épouvantables (et il n’est pas besoin d’être « hypersensible » pour utiliser de tels qualificatifs), et même souvent illégales, pratiquées dans de multiples élevages partout en France.

Cela n’aura pas empêché certains de ces derniers à porter plainte contre l’association, ni des députés à calomnier ouvertement L214.

 

Les seules mesures retenues et finalement votées sont :

- la fin des delphinariums (déjà programmée de longue date)

- la fin des élevages de visons (facilitée par la pandémie Covid)

- la fin de l’utilisation d'animaux sauvages dans les cirques (mais qui, allez savoir pourquoi, ne s’applique qu’aux cirques itinérants et pas aux grosses organisations de spectacles comme celle du Puy du Fou sur lesquelles se posent pourtant plusieurs témoignages inquiétants. Cf. ma chronique du 19/12 dernier : « Toujours plus de cas de maltraitance animale. Ne rien voir, ne rien dire, ne rien entendre. »)

 

Le vote de ces seules mesures suffit toutefois à orienter la communication du gouvernement pour attester de son intérêt envers la condition animale dans notre pays ! Pour preuve, les « Infos » qui, depuis hier, évoquent tous le vote de cette loi en mentionnant les trois mesures prises et en taisant toutes celles qui ont été rejetées.

 

Il est impensable qu’en 2021, un gouvernement se montre aussi complaisant envers les chasseurs et les éleveurs industriels, au mépris de toute considération pour le règne animal et, encore plus grave lorsqu’il s’agit d’un gouvernement élu par voie démocratique, a contrario de la volonté de 89% de ses concitoyens !

 

Oui, les chasseurs ont encore de très beaux jours devant eux, avec des soutiens aussi puissants. À titre d’exemple, on peut rappeler que 9 faisans sur 10 tués à la chasse proviennent d’élevages.

Élevages intensifs eux aussi, dans des conditions aussi épouvantables que pour d’autres animaux : caves exiguës pour empêcher l’envol et, bien sûr, tout accès à l’extérieur, mutilation des becs pour éviter les blessures, animaux à l’agonie, poubelles remplies de cadavres…

Rien que pour la France, cela concerne 14 millions de faisans et 5 millions de perdrix chaque année.

80% d’entre eux meurent dans les 48 heures suivant le lâcher.

Mais, selon les chasseurs, il s’agit d’une « chasse sportive », et qui s’inscrit, comme l’ensemble de leur « art » dans « l’absolue nécessité de réguler la faune sauvage ». CQFD.

 

Il faut aussi que cesse cette légende selon laquelle ce sont les citadins (sous entendu "plus incompétents sur les questions écologiques et nos rapports à la nature") qui s'opposent à ces pratiques. En France, 71% des ruraux se sont prononcés contre la pratique des élevages et lâchers d'animaux, pour une moyenne nationale de 64%.

 

Dans des moments aussi difficiles et incompréhensibles, des associations comme L214 méritent tout notre soutien, ainsi que les rares députés, comme M. Villani, qui osent affronter leurs pairs dans un combat qui n’est pas sans rappeler celui de David contre Goliath.

Et pour finir sur une note plus optimiste, rappelons tout de même que ce combat a en fin de compte vu la victoire de David  

Publié le 27/01/2021
26 Janvier : Australia day

Les Australiens célébreront demain un jour de fête nationale : l’Australia Day.

 

Photo PV  "Péninsule de Fleurieu : Australia flags"

 

La fête battra partout son plein, jusqu’à tard ce soir, dans les grandes villes comme dans les coins les plus reculés de l’île-continent : concerts, festivals, cérémonies, discours, remises de décorations et de prix, dont celui de… l’Australien de l’année !

Il est probable, toutefois, que nombre de communautés aborigènes ne s’associent pas à l’événement. En effet, le choix de cette date du 26 janvier continue de diviser les deux communautés, blanche et aborigène, dès lors qu’il s’agit de célébrer une fête « nationale », autrement dit de TOUS les habitants du pays.

 

Car cette date a été initialement choisie (par les colons blancs) pour commémorer le débarquement de la première flotte britannique, placée sous le commandement du Capitaine Arthur Phillip, en 1788 à Port Jackson (Baie de Sydney) destinée à devenir une importante colonie pénitentiaire.

C’est par conséquent le jour où ces terres, découvertes 18 ans plus tôt par James Cook, furent déclarées officiellement « territoire britannique ». (On pourrait évoquer, mais ce serait trop long, les anecdotes témoignant qu’il s’en est fallu de peu pour que ce soient les Français qui y plantent leur drapeau les premiers.)

 

L’Australia day (anciennement Anniversary day), bien que fêté depuis 1808, n’a été officialisé qu’en 1935 et ne s’est généralisé à tout le territoire qu’à partir des années 1980.

L’ennui, c’est qu’il marque du même coup le début de la colonisation britannique, caractérisée par le déni de la préexistence de populations autochtones sur ce territoire (formant pourtant une civilisation vieille de plus de 70 000 ans), et l’effroyable massacre qui s’en est suivi de millions d’aborigènes (en seulement 200 ans).

 

Ceci explique que le 26 janvier soit préférablement appelé « Jour de l’invasion » (Invasion day) ou « Jour de la survie » par une partie, certes minoritaire (et pour cause), des Australiens. Plusieurs associations réclament le choix d’une autre date pour que l’idée de « fête nationale » puisse conserver tout son sens. Pour ces groupes et militants, l’acceptation d’un changement de date serait un signe majeur de la volonté du gouvernement australien de réconcilier deux communautés dont les origines sont si distinctes.

 

Un premier pas en ce sens, très modeste, a récemment été fait en changeant non pas la date, mais juste une partie d’un couplet de l’hymne national, dans lequel la phrase « Nous sommes jeunes et libres » est devenue : « Nous sommes un et libres ».

 

Un pas très insuffisant, si l’on en croit notamment la députée indépendante Zali Stegall qui rappelle, dans sa récente déclaration aux medias australiens que ce 26 janvier peut être célébré, mais devrait aussi être pleuré ! Elle a précisé « Il a fallu payer un prix pour que notre nation devienne ce qu’elle est aujourd’hui. Nous avons sacrifié une large partie de notre patrimoine culturel, et les Australiens autochtones ont dû payer un lourd tribut. »

 

Seulement, ce tribut ne pèse pas le même poids aux yeux de tous les Australiens, et les Aborigènes ne représentent « que » 3% de la population totale australienne, même si elle représente bien davantage en terme d’histoire et de culture pour le pays. C’est pourquoi nombre de citoyens et politiques australiens accusent les militants « pro-changement de la date de l’Australia Day » de pratiquer une « histoire négative » et d’assombrir une journée qui se veut « positive », rassembleuse, festive et patriotique.

 

Une question reste pourtant légitime : si une telle date doit être choisie au nom de l’histoire, ne devrait-elle pas l’être au nom de TOUTE l’histoire ? Et dans ce cas, si simplement changer de date suffirait à réconcilier TOUS les Australiens pour fêter leur Journée Nationale, pourquoi cette décision reste-t-elle si difficile à prendre ?

 

Publié le 25/01/2021
Bras de fer Australie Amérique

Il m’est arrivé à plusieurs reprises d’évoquer ici la grande « complicité » qui rapproche l’Australie des États-Unis sur des sujets aussi majeurs que l’écologie, l’économie et la politique internationales. Au point, parfois, d’éprouver un sentiment de « clonage » entre ces deux grandes nations.

Aussi, quand l’Australie ose tenir tête à l’Amérique, il n’est que justice de le souligner. D’autant que l’affaire est très sérieuse et pourrait très vite concerner l’ensemble des pays que compte cette planète.

De quoi s’agit-il ?

 

Les medias australiens, comme nombre de leurs confrères à travers le monde, souffrent de la concurrence aussi féroce et déloyale que leur imposent deux des tristement célèbres sociétés appartenant au club fermé des Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft).

Google et Facebook, en l’occurrence, profitent de leur position ultra dominante, l’un sur les moteurs de recherche, l’autre sur les réseaux sociaux, pour diffuser de l’information à travers leurs « fils d’actualité » et capter au passage un pourcentage de plus en plus substantiel des investissements publicitaires, dont se retrouvent du même coup privés les organes de presse.

 

L’Australie est en train de débattre d’une loi, intitulée « Code de conduite contraignant », visant à imposer à Google et Facebook davantage de transparence sur leurs algorithmes et une compensation financière, afin d’éviter que la presse professionnelle ne soit réduite à néant.

 

Les menaces en retour ne se sont pas faites attendre, allant de la limitation des services accessibles aux internautes australiens, jusqu’au rappel d’une potentielle baisse colossale des revenus des sites australiens si « les clics générés par Facebook et Google devaient se tarir ».

 

Que les Gafam tentent (et réussissent trop souvent) à imposer leurs règles et leurs méthodes à des États souverains n’est pas en soi une nouveauté. Mais que l’administration américaine intervienne aussi fermement qu’elle le fait auprès de son homologue australienne pour l’empêcher de mener son projet au bout est assez rare pour être souligné.

Beaucoup de pays suivent de près ce bras de fer et seraient sans doute prêts à emboîter le pas aux Australiens. L’enjeu est donc d’importance.

Mais ce que cette bataille inédite entre deux pays aussi cousins et amis que l’Amérique et l’Australie traduit est, une fois de plus, l’influence majeure que les Gafam ont sur Washington.

 

À croire que, lorsque certains dirigeants européens affirment, dur comme fer, qu’ils sont « sur le point de contraindre les Gafam à plus de transparence et à davantage d’honnêteté commerciale et fiscale », ils se bercent d’illusions, et leurs électeurs par la même occasion.

Une victoire de l’Australie pourrait en revanche leur montrer la voie et insuffler le courage dont ils ont apparemment besoin.

 

Publié le 21/01/2021

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